dimanche 27 février 2011

Voyageons dans le temps avec Julia Stone

Je hais Télérama. Ce n'est pas nouveau, ça fait au moins 11 ans que ça dure. Je n'y peux rien, il y a un truc qui ne passe pas dans leurs articles, pour moi. Ils ont toujours un côté bien-pensant-donneur-de-leçons-méprisant qui m'agace. Dernière preuve en date : leur chronique du premier album solo de la jeune Australienne Julia Stone, plus connue pour le duo qu'elle forme avec son frère Angus.

L'article en question, s'il prétend n'émettre qu'une "légère réserve" à l'encontre de The Memory Machine fait en réalité tout l'inverse. D'abord, de cet album, le journaliste ne parle pas tout de suite, trop occupé à digresser sur le fait que l'un des titres d'Angus et Julia Stone ait servi de musique de pub et à se gargariser d'avoir, pour sa part, découvert cette chanson bien avant le commun des mortels que nous sommes. Bien entendu, tout ce qui devient "commercial" devenant aussitôt bon à jeter, le pauvre groupe n'a pas tardé à perdre tout intérêt aux yeux d'Hugo Cassavetti. Il dit que ce n'est pas à cause de ça, que c'est parce qu'à force, le matraquage publicitaire a fini par avoir raison de son attrait pour la chanson. Ce monsieur doit vraiment beaucoup regarder la télé parce que pour ma part, je n'ai JAMAIS vu cette pub. Je n'avais jamais non plus vraiment écouté l'album (ni la fameuse chanson) d'Angus et Julia Stone avant aujourd'hui, même si je les connaissais de nom.

Bref, dans la suite de son article, le journaliste nous raconte en quoi le disque serait bien (notez l'intéressante utilisation du conditionnel, ici), mais pourquoi les "maniérismes vocaux" de Julia Stone l'irritent finalement. Et c'est tout, hop, affaire classée.

Hum...

Cette semaine, alors que je bossais, j'ai écouté, d'abord d'une oreille distraite, puis plus attentive l'enchainement parfait de My Baby, Winter on the Weekend et The Memory Machine et je n'avais pas été touchée comme ça par des chansons depuis assez longtemps (enfin, hormis ça). Les mélodies épurées et la voix bouleversante m'ont soudain happée et je ne m'en remets toujours pas. La simplicité désarmante de ces compositions et la sincérité de l'artiste n'en finissent plus de me charmer et elle a désormais acquis mon éternelle gratitude (oui, c'est comme ça avec moi, il suffit même que vous fassiez une chanson géniale un jour et vous gagnez ma reconnaissance et mon respect à vie, même si vous ne sortez plus que des bouses par la suite).



Par curiosité, j'ai donc cherché quelques informations sur cette fille et j'ai jeté une oreille sur ce qu'elle avait fait avec son frère. Pour le coup, la magie n'a pas du tout opéré, je suis passée complètement à côté de leur deuxième album et je n'ai pas envie de me retourner. J'ai reconnu le style de Julia dans deux chansons et j'ai pensé qu'elles auraient pu figurer sur son album solo, mais le reste m'a juste rappelé Cocoon et laissée de marbre.

Certes, sa voix d'enfant quand elle chante 'Daddy, why don't you protect me, someone's gotta hurt me' peut paraître surjouée mais si ça fonctionne à la première écoute sur moi, alors que je suis tout sauf réceptive à ce genre de chanteuses théoriquement, c'est que Julia Stone possède le petit quelque chose qui fait la différence. Normalement, je suis censée trouver ça dénué d'originalité et ennuyeux, ne jamais avoir envie d'écouter le disque, et pourtant, j'en suis à ma quatrième écoute depuis ce matin. En dehors des trois pépites précitées, il tient la route de bout en bout, ce qui devient si rare que cela mérite d'être souligné. Et la façon dont Julia Stone est capable de moduler sa voix, dans les graves ou dans les crescendo mérite toute mon admiration.

Alors n'écoutez pas ce que vous disent des journalistes aigris qui détestent que le public leur vole leurs vedettes. Ecoutez The Memory Machine, c'est le frisson garanti. S'il ne fallait qu'un seul argument supplémentaire pour vous convaincre : vous ne trouvez pas que cette pochette est ce que vous avez vu de plus classe depuis longtemps ?